jeudi 31 janvier 2019

Comines - L’expérience littéraire pour dépasser la mort

L’expérience littéraire pour dépasser la mort
Membre de l’Académie royale de Belgique depuis 2011, Myriam Watthee-Delmotte s’intéresse aux endeuillés que nous sommes tous. En quête de sens.
Analyste littéraire, Myriam Watthee-Delmotte réussit le tour de force de compiler des mots face au gouffre de la mort. Pour mieux l’appréhender.
Début janvier, Myriam Watthee-Delmotte a publié aux éditions Actes Sud un essai qui ne passe pas inaperçu dans les milieux littéraires. «Dépasser la mort. L’agir de la littérature» lui a déjà valu des critiques positives dans, entre autres, Libération et Le Monde des Livres.
Cominoise d’origine et Bruxelloise d’adoption, celle qui est directrice au FNRS et professeur d’art et littérature à l’UCL a écrit son ouvrage le plus «tout public»: «Ce livre est né suite au suicide d’un ami très proche, à l’âge de 40 ans. Ce drame, que rien ne laissait présager, m’a laissée sans voix face à l’inexplicable. Comme ce vide était désespérant, je me suis tournée vers les livres.
En parcourant le “Journal d’un curé de campagne” de Georges Bernanos, j’ai trouvé les mots pour m’apaiser, pour accepter sa mort, dans un extrait où il évoquait le fait qu’il “n’y avait pas de vieillard en moi”. Je l’ai lu lors des funérailles et, à l’issue de celles-ci, des personnes m’ont signalé que ces phrases ont mis du sens sur quelque chose qui n’en n’a pas; un sentiment qui leur a fait du bien.»
D’évidence, grâce au pouvoir des mots, on cesse d’être seul face à la mort: «J’ai eu envie de compiler des textes représentatifs qui envisagent le face-à-face avec les multiples visages de la mort, de l’annonce brutale en passant par la tombe ou le testament. Tous ritualisent les différentes étapes du deuil. L’expérience littéraire permet de cheminer vers une commémoration sereine, comme une consolation, un secours.»
Un métier en quête de sens
«Dépasser la mort» se révèle une pierre d’angle à l’édifice littéraire plutôt imposant de Myriam Watthee-Delmotte.
«Je voulais faire un métier qui donne sens au quotidien. J’ai fait mes études secondaires à l’Institut Notre-Dame et le déclic a eu lieu lors d’un cours de français. Nous devions faire une rédaction sur une photo de vacances et Mme Lermuseau a lu ma composition devant toute la classe. Cet événement a été une révélation! Plus tard, quand nous avons eu des cours de littérature, j’ai eu le bonheur de croiser Yvon Clynckemaillie, un professeur stimulant, qui guidait les élèves hors des sentiers battus. Je me suis inscrite en philologie romane à l’UCL et, en fin de parcours, on m’a proposé un poste d’assistante. Ensuite, j’ai décroché un doctorat. À mon sens, la littérature est un lieu où les choses font nœud entre la philosophie, la psychologie, l’anthropologie, l’art, etc. Comme tout m’intéresse, j’y trouve mon bonheur.»
À 64 ans, mère de trois enfants et grand-mère d’un petit Max, Myriam Watthee-Delmotte reste attachée à son Comines natal: «J’y viens moins souvent depuis que mes parents sont décédés, mais j’y ai gardé quelques cousins. Je reste aussi très proche de la famille de l’artiste Roger Coppe. Je compte d’ailleurs écrire un livre-catalogue sur son œuvre.»
«Dépasser la mort. L’agir de la littérature», Actes Sud, 2019, 272 p., 21€.
 - L'Avenir

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