Depuis 94 ans, Comines possède un temple protestant. Sans pasteur depuis trois ans, la communauté a perdu des fidèles et veut se reconstruire.
Situé dans la rue de Wervicq, le temple protestant compte depuis peu un nouveau pasteur, même si celui-ci n’est pas encore officiellement en poste. «Je viens juste de déménager, avec mon épouse, également théologienne, et les quatre enfants», explique l’intéressé, Jonathan Julien.
Depuis août 2015 quand Marc Rugamba, qui était installé depuis cinq ans, a annoncé son départ, la communauté s’est retrouvée bien orpheline. En attente d’un nouveau pasteur, la Mouscronnoise Anne-Marie Heineken est devenue présidente du consistoire: «Je connaissais Comines parce que j’ai donné les cours de religion protestante à l’athénée royal jusqu’en 2016, année où j’ai été admise à la retraite. J’ai assuré la transition et je suis heureuse que Jonathan Julien, qui a d’ailleurs repris mes cours à l’athénée, ait accepté de s’installer à Comines. Sans pasteur, nous avons perdu bien des fidèles.»
Guidé par sa foi
Né à Haïti en 1970, Jonathan Julien possède un parcours pour le moins atypique: «J’ai décroché une maîtrise en relations internationales, à Port-au-Prince. Ensuite, je suis arrivé à Paris, à la Sorbonne, pour compléter mon bagage avant de partir pour Bruxelles, à l’université Saint-Louis, pour obtenir un master en droit international.»
Il aurait pu faire une brillante carrière, mais il a choisi la voie que lui dictait sa foi: «Mon père, alors qu’il était séminariste, a été tué par le régime de Duvalier. Il était très engagé et serait probablement devenu pasteur. À Bruxelles, je me suis inscrit à la faculté universitaire de théologie protestante.»
Diplômé, il s’installe à Ath et donne des cours de religion protestante à Comines, Mouscron, Enghien et au SHAPE, à Mons. «Je ne suis pas encore pasteur, parce que je dois terminer mes stages, mais j’ai accepté de prendre en charge la communauté cominoise. J’aimerais la dynamiser. Elle ne compte plus qu’une quinzaine de membres et vit bien trop discrètement. Nous voulons ouvrir nos portes, notamment grâce à la musique et au chant, puisque je pratique les deux disciplines. C’est une bonne façon d’évangéliser, de rassembler et de moderniser. D’évidence, comme les catholiques, nous vivons un désintérêt pour les convictions religieuses et nous devons nous tourner vers les préoccupations de la population. Le renouveau doit être à la fois liturgique et humain.»
«Nous envisageons de créer des cours de chant, renchérit Anne-Marie Heineken. L’académie n’en propose pas. Par exemple, le gospel intéresse beaucoup de monde. Les activités seront proposées à tous, sans restriction de religion, avec une belle ouverture sur le monde.» Marie-France PHILIPPO - L'Avenir
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