mardi 10 avril 2018

Comines - café «A Mou Morel».

Depuis 117 ans, les Morel tiennent un café à deux pas du centre-ville de Comines. L’établissement a gardé son âme et son décor, sous la poigne de Thérèse.
«A Mou Morel»: rien que l’évocation du nom du café fleure bon les effluves de bière et les soirées mémorables pour des générations de Cominois.
Le grand-père, Omer Morel, a ouvert l’établissement en 1901. Il ne s’est pas tracassé pour trouver un nom, il l’a appelé en picard «A Mou Morel», que l’on traduit par «Chez Morel». Comme toute la ville, le café est démoli à la Première Guerre mondiale et reconstruit en 1920. Sa fille, Jeanne Morel, reprend les affaires et se marie avec Jérôme Duthoy.
De cette union sont nés trois enfants. Restés célibataires, ensemble, ils ont exploité le café; tandis que les deux frères ont tenu parallèlement, pendant 52 ans, un commerce de charbon. Aujourd’hui, Jules est au home, Albert est décédé en 2011 et Thérèse tient toujours fermement les rênes d’un café… qui ne désemplit pas.
Côté décor, bien des éléments n’ont pas bougé depuis 1920, notamment la façade et le carrelage. «En 1992, quand le plafond s’est écroulé, on a bien dû réagir! J’ai demandé à l’ébéniste Jules Mortreu de refaire la décoration et le bar, commente Thérèse. Mais il n’était pas question d’installer des pompes. Quand on a un mauvais fût, c’est tous les litres qui sont à nos lattes. Toutes nos bouteilles sont dans quatre grands frigos! Nous avons toujours voulu être libres de brasseurs! On se fournit où l’on veut et personne n’a rien à dire. Le café propose environ 80 sortes de bières spéciales, mais il n’y a pas de carte.»
«Je fais le gendarme moi-même»
Ouvert tous les jours, sauf le mardi matin et le jeudi, le café est un lieu de convivialité: «J’ai une très bonne clientèle, très respectueuse, de tous les milieux et de tous les âges. Ici, la police ne vient jamais. Je fais le gendarme moi-même! Dès qu’un client commence à être éméché, je ne le sers plus et l’affaire est réglée! Chez moi, on ne discute pas. Si on n’est pas content, on sort!»
Le décor est un peu spartiate,  avec le vieux poêle,mais il plaît: «Boire pour boire, cela n’a pas beaucoup d’intérêt. Les clients viennent ici pour parler. Comme le décor est figé, il y a aussi un sentiment de nostalgie. Beaucoup sont venus avec leurs parents! Je joue la psychologue, même si c’est surtout entre clients que les conversations se passent. Je suis une adepte du “ tout voir tout entendre et ne rien dire ”. Ce n’est pas mon rôle que de faire des commentaires; le mien est de gérer convenablement mon café. D’ailleurs, je ne bois pas de bière pour garder l’esprit bien net.»
Sa clientèle est fort éclectique sur le plan géographique: «Il y a bien entendu les gens du coin, les fidèles, mais aussi des Français qui viennent déguster une bière spéciale et des Flamands, qui apprécient le cadre tranquille. Les clients sont seuls ou en groupe. Comme le café est petit, souvent, les conversations se mêlent entre les tables. On commente l’actualité, on refait le monde.» - L'Avenir




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