Les deux écoles libres ont uni leurs forces pour monter un spectacle mêlant théâtre, chant, musique, gastronomie et danse. Pari réussi!
Ce week-end, le projet «Mademoiselle» a donné lieu à un dîner-spectacle, fruit d’une collaboration féconde entre l’institut Saint-Henri et le collège de la Lys. Une première! Sur deux soirées, quelque 235 personnes ont profité du couronnement de deux années de travail.
Tout commence en 2014, avec la classe de 6e latine de Saint-Henri, composée de quatre filles: «En fin d’année, pour le fun, j’ai proposé qu’elles s’habillent et se coiffent à la romaine, explique Amandine Marmu, en charge du cours. Comme l’école compte une section coiffure, nous avons fait appel à leur talent.» D’année en année, les activités se sont succédé: visites en commun au Louvre, photos des coiffures devant le Colisée, exposition, etc.
«ADI-Hainaut, l’association des directeurs de la province, permet de donner un coup de pouce, sous forme d’heures attribuées, à des projets innovants qui s’étalent sur deux ans, poursuit Sylvie Demeersseman, directrice de Saint-Henri. On s’est dit: “Pourquoi ne pas aller plus loin, en intégrant l’aspect gustatif?” Et l’on a fait appel à la section restauration du collège de la Lys.»
«Nous avons accepté sans hésiter, répond le directeur Fabrice Verslype, et la collaboration s’est étoffée par nos sections accueil, horticulture, menuiserie et sécurité. Un projet fédérateur, autour de différents arts, intégrant des élèves d’horizons différents: voilà un beau défi!»
L’évolution de l’image de la femme
Encore fallait-il trouver un fil conducteur: «En s’accordant sur une date, après le congé de carnaval, nous nous sommes aperçus que nous étions autour du 8 mars, Journée de la femme, précise Amandine Marmu. Le thème s’est imposé: l’évolution de l’image de la femme depuis l’Antiquité jusqu’au XXIe siècle. En classe, nous avons choisi des textes, notamment l’auteur Juvénal qui, dans l’une de ses satires, évoque la vie des femmes dans la Rome antique.»
Pour le XVIIe siècle, les répliques de l’indémodable Molière se sont invitées sur scène; pour le XIXe siècle: Zola et Le bonheur des dames. Avec des coiffures d’époque que les élèves ont dû dompter, sous l’œil de leur professeure, Marie Hottekiet.
Chaque époque était illustrée par des mets, des costumes, des coiffures, de la musique et des danses d’époque: «Nous avons utilisé au maximum les talents que nous possédions au sein de nos deux écoles, explique Maïté Lecat, professeure de latin au collège de la Lys, qui s’est occupée de la chorale antique. Dans les derniers jours, nous fourmillions encore d’idées, mais il a fallu finaliser!»
À la clé, une enthousiasmante soirée de cinq heures, avec de jolis intermèdes musicaux, comme un hymne à la femme, mais aussi à une jeunesse motivée et pétillante.
Une aventure qui laissera des traces et qui pourrait bien se renouveler: «Nous avons un programme à suivre et d’autres activités, commente Amandine Marmu. Et le projet est plutôt chronophage! Néanmoins, je pense que le bonheur de participer à une telle expérience fera germer d’autres idées.»
Frédéric Dewez, conseiller pédagogique en latin, avait fait le déplacement depuis Namur. «Un tel spectacle est une première en Wallonie et il servira de modèle à la rédaction d’une sorte de cahier des charges lorsque des sections voudront monter un projet commun.
À l’heure où l’on parle de plus en plus de travail collaboratif et d’interdisciplinarité, le projet est précurseur! De surcroît, il permet de sortir des clichés entre les “intellectuels” et les “manuels”. Nous avons ressenti le bonheur que les jeunes avaient d’être là, ensemble, prouvant la spécificité et la complémentarité de leurs compétences. Le spectacle ouvre aussi à la réflexion sur la condition de la femme, avec les échos que cela prend actuellement.»
Le chef d’atelier Jean-Yves Callens et le chef Dimitri Desmons ont géré l’aspect gastronomique: «Les 7es hôtellerie ont eu la tâche de choisir des aliments que l’on mangeait dans l’Antiquité, au XVIIe et au XIXe siècle. Après recherches sur internet, ils ont choisi des mets et les ont préparés au goût du jour: tourte de viande, velouté de châtaignes à la truffe, pain au lard ou pintade aux écrevisses. Certains ne sont pas faciles à cuisiner, comme les pois chiches. De même, ils ont appris à préparer le lard et différents types de pain. La gestion du timing a été complexe entre les tableaux sur scène et les plats. Il fallait que la centaine de convives soit servie sur un laps de temps le plus court possible. Voilà aussi un bel apprentissage pour nos élèves, tant en cuisine qu’en salle! Le résultat est vraiment à la hauteur de nos espérances.»
Marie-France PHILIPPO - L'Avenir
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