lundi 5 novembre 2018

Comines- La Maison Dekimpe


«La vie est riche de plein de choses» Six personnes travaillent chez Dekimpe pour assurer environ 400 décès par an: une sacrée organisation!

La Maison Dekimpe emploie six personnes: Emmanuel et son épouse Ludivine Jorissen, Sophie Leclercq et Céderic Dieryck, de même que Johan et Lien à l’implantation de Wervicq. Treize vacataires apportent leur aide.
«À Comines, nous couvrons entre 220 et 250 décès par an, dont environ 50 en collaboration avec des pompes funèbres françaises. À Wervicq, nous tournons autour de 160 décès. Avec quelque 400 décès par an, une sacrée organisation est exigée!»
Comme son père Raymond, Emmanuel a suivi plusieurs formations en thanatopraxie. «Aujourd’hui, on préfère le terme de thanatologue plutôt qu’embaumeur. C’est un domaine en évolution et il faut s’en cesse se former.»
C’est ainsi qu’en août il a passé trois semaines au Canada, à Mont-Joli: «Il s’agissait d’un stage lié à une formation sur la reconstruction. Les Canadiens, comme d’autres pays anglo-saxons, sont à la pointe en ce qui concerne les techniques de conservation. Premièrement, ils doivent conserver les corps plus longtemps parce qu’ils n’inhument pas l’hiver à cause du sol gelé et que la population s’expatrie énormément. Donc, il n’est pas rare qu’entre le décès et l’enterrement, trois semaines soient passées.
Deuxièmement, chez eux, la tradition implique de redonner le visage de la jeunesse au défunt alors que chez nous, on accepte les effets de l’âge. Les techniques sont appropriées à leurs besoins, avec des injections sous-cutanées et des concentrations de formaldéhydes plus élevées.»
«La mort fait partie de la vie»
Le fait de côtoyer des défunts au quotidien n’entame pas le moral de ce bon vivant: «La mort fait partie de la vie. Pendant le temps qu’il nous est donné sur terre, la vie est riche de plein de choses dont il faut profiter à fond. Cela m’énerve quand je vois certains qui se pourrissent la vie avec des bêtises.»
Pour des cérémonies dans l’intimité
Les pompes funèbres Dekimpe ont aménagé une salle de culte pour un hommage empreint de sérénité, en phase avec les familles.
Depuis septembre, les pompes funèbres Dekimpe mettent à la disposition des familles qui le souhaitent une salle de culte, située à l’angle de la rue de Warneton et de l’avenue du Canal. «Nous avions régulièrement des demandes pour des cérémonies dans l’intimité, précise Emmanuel Dekimpe (42 ans), cinquième génération et patron de l’entreprise depuis 2016. Il nous arrivait d’utiliser la chapelle aménagée dans notre funérarium, mais elle n’accueille que quatre ou cinq personnes. Or, il est clair que l’évolution sociologique tend vers une intimité avec la famille élargie. Pourquoi? Éviter l’église, ne pas subir le côté «show» d’un enterrement, choisir librement les musiques, créer la convivialité, etc. Chacun a ses raisons et ce n’est pas à nous de juger.»

L’ancien garage aménagé
C’est ainsi que plusieurs cérémonies se sont déroulées à la salle des Marmousets: «Elle nous convenait assez bien, mais elle a été aménagée en dojo pour un club sportif. La ville nous a alors orientés vers la salle du Poulailler, à Bas-Warneton. Vu son état, il était hors de question d’y aller.
Notre première idée a été de construire une salle sur un terrain que nous possédons en face du cimetière, mais l’investissement est trop élevé pour l’usage. Nous avons alors décidé d’aménager l’ancien garage Ceschin que nous avions acheté pour faire des appartements. Nous en avons fait un endroit sobre, mais confortable au niveau de l’éclairage, de la sonorisation, des tons, etc. Avec un écran pour diffuser les photos du défunt ou les textes lus. Cinquante chaises ont été disposées, on peut encore accepter que quelques personnes restent debout à l’arrière, mais pas davantage.

Les prêtres ne souhaitent pas venir; ce que je comprends parfaitement puisque la maison des Chrétiens, c’est l’église. Dès lors, c’est notre équipe qui rencontre les familles et prépare les textes; ce qui représente des heures de travail.»
«Ce n’est pas pour cela que l’on meurt prématurément!»
Le «succès» est au rendez-vous: «Notre devise a toujours été d’être à l’écoute des besoins des familles. Déjà, en 1984, mon père a été pionnier dans la création d’un funérarium. L’évolution entraîne de nouvelles exigences. Il faut pouvoir les entendre et y répondre. C’est en cela que je trouve que j’exerce un très beau métier où l’on peut saisir l’intimité dans les moments où l’être humain est le plus vrai.
Dans notre société matérialiste et individualiste, la mort nous impose des sentiments primitifs, purs. Notre rôle est de réussir au mieux ce dernier hommage à quelqu’un qui a représenté énormément de choses pour ceux qui restent. Et qui leur permettra d’entamer cet indispensable cheminement du deuil.»
En ce sens, la préparation de ses propres obsèques est à encourager: «La mort est un passage obligé. Quand on a décidé ce que l’on voulait pour soi, l’affaire est réglée et la famille est déchargée du poids de l’organisation, source potentielle de conflits, et peut se concentrer sur le deuil. Et ce n’est pas pour cela que l’on meurt prématurément!» Marie-France PHILIPPO - L'Avenir

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